Il n’existe pas à l’heure actuelle de traitements permettant de guérir du sida. Les seuls traitements permettant de lutter contre l’infection par le VIH sont les antirétroviraux, plus connus sous le nom de trithérapies ou multithérapies. Mises sur le marché précocement en 1996, elles permettent de diminuer la quantité de virus circulant dans l’organisme (charge virale) et surtout de faire remonter le nombre de lymphocytes T4, indispensables au bon fonctionnement du système immunitaire.
Elles sont souvent associées à des médicaments de confort qui permettent de lutter contre les nombreux effets secondaires. A leur arrivée sur le marché, les personnes séropositives pouvaient prendre jusqu’à 80 médicaments par jour, notamment pour lutter contre les effets indésirables. Aujourd’hui, malgré la persistance de nombreux effets indésirables, les personnes séropositives n’ont parfois qu’une à deux prises par jour ce qui témoigne de l’évolution positive des antirétroviraux en quelques années.
A partir du moment où ils sont prescrits et administrés, ces traitements doivent être régulièrement pris car une mauvaise observance thérapeutique est responsable de l’apparition de mutation du virus et de résistances face au traitement. Ce dernier n’est alors plus efficace et la personne doit en changer. A l’inverse, une observance satisfaisante permet dans la plupart des cas de faire disparaître la charge virale en quelques mois, surtout lorsque la mise sous traitement est précoce. Néanmoins, les médecins doivent encore faire face à 8% d’échec thérapeutique, c’est-à-dire 8% de personnes pour qui il est difficile de trouver un traitement qui fonctionne.
Il existe aujourd’hui plusieurs familles de médicaments utilisés dans le traitement de l’infection à VIH. Leur différence réside principalement dans le fait qu’ils agissent à des stades différents de la reproduction du virus dans les cellules. On trouve :
■ Les inhibiteurs nucléosidiques de transcriptase inverse : désigne l’une des deux familles de médicaments qui agissent sur le VIH en bloquant une de ses enzymes, la transcriptase inverse, essentielle à sa réplication car elle permet la copie de son ARN en ADN qui sera intégré à la cellule (de nombreux médicaments appartiennent à cette classe, le plus ancien étant l’AZT)
■ Les inhibiteurs non-nucléosidiques de transcriptase inverse : l’autre famille de médicaments qui agissent en bloquant la transcriptase inverse
■ Les inhibiteurs nucléotidiques de transcriptase inverse : variante chimique des inhibiteurs nucléosidiques de cette enzyme virale
■ Les anti-protéases ou inhibiteurs de protéase : médicaments qui agissent sur le VIH en bloquant la protéase du virus, une enzyme qui permet la synthèse des protéines virales à l’intérieur de la cellule
■ Les inhibiteurs d’entrée : médicaments qui agissent en bloquant l’entrée du VIH dans la cellule
■ Les immuno-modulateurs : médicaments qui agissent sur l’immunité de la personne, avec en principe peu ou pas d’action antivirale directe
■ Les anti-intégrases : médicaments qui agissent sur une enzyme du VIH, l’intégrase, qui permet d’intégrer l’ADN venant du virus dans les chromosomes de la cellule infectée
Le « Traitement Post Exposition » (TPE) ou « traitement d’urgence » :
Le TPE doit être prescrit le plus tôt possible, idéalement dans les 4 h suivant le risque, au plus tard dans les 48 h. Cette précocité d’instauration est facteur décisif de succès du traitement car en effet, le succès n’est pas acquis. Il n’est aujourd’hui pas possible d’affirmer que le TPE évite la transmission dans 100 % des cas.
En cas de rapport sexuel à risque de transmission du VIH ou d’accident d’exposition à du sang potentiellement contaminé, la recommandation est donc de se rendre immédiatement dans le service VIH de l’hôpital le plus proche. En dehors des heures ouvrables, les urgences assurent l’accueil des personnes. Dès l’arrivée dans le service, il est impératif de signaler la raison de sa venue.
Lors de la consultation initiale, il revient au médecin d’évaluer le rapport bénéfices/risques d’un TPE. Les bénéfices sont l’efficacité potentielle du TPE ; les risques, les effets indésirables et les contraintes liées au traitement. Afin d’éviter les excès de prescription par « précaution », il est recommandé de réserver le TPE aux situations où le risque est important. En clair, le seul fait d’avoir eu un rapport sexuel non protégé avec un partenaire de sérologie inconnue ne suffit pas à justifier un TPE.
Lorsque la sérologie du partenaire est inconnue, l’évaluation du rapport bénéfices/risques est donc une tâche délicate, qui peut éventuellement faire la part belle à la subjectivité du médecin et à sa perception des situations ou personnes concernées. L’ « auto-censure » de la personne exposée peut être un écueil à cette évaluation : si la personne ressent le jugement du médecin, elle ne précisera peut-être pas toutes les circonstances de la prise de risque.
Classiquement, le TPE consiste en une trithérapie d’antirétroviraux, à prendre pendant 4 semaines. Un suivi sera par la suite engagé pendant 6 mois. Le choix de la trithérapie dépend de la situation.
Lors de la consultation, le TPE, son principe, ses modalités de prise, les effets indésirables possibles doivent être expliqués par le médecin. Le support d’un médecin référent est recommandé pour les urgentistes n’ayant pas l’expérience de ces prises en charge. Enfin, dans le cas où un TPE n’est pas prescrit, les raisons de ce choix doivent être expliquées à la personne.
Le TPE en Limousin :
Il est disponible dans l’ensemble des CeGIDD (voir coordonnées dans la rubrique Dépistage) de notre région. En cas de fermeture, il faut impérativement se rendre aux urgences du Centre Hospitalier le plus proche.